Algerie Europe coopération durable

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Patrick le Berrigaud

jeudi 3 mai 2012

Mr Lakhdar Rekhroukh, P-DG de Cosider Algerie 2012


Lakhdar Rekhroukh, P-DG de Cosider, à “Liberté”

“NOTRE OBJECTIF EST D’INTERNATIONALISER L’ENTREPRISE”

Le premier responsable de ce géant du bâtiment et des travaux publics (BTP) aborde dans cet entretien le poids de son groupe, son portefeuille de projets ainsi que les perspectives de développement de l’entreprise.

Liberté : Quel est le poids du groupe Cosider dans le secteur du BTPH ? 
Lakhdar Rekhroukh : Cosider est classée cinquième entreprise du BTP en Afrique avec un chiffre d’affaires de l’ordre de 70 milliards de dinars, en 2010, soit environ 1 milliard de dollars. En Algérie, Cosider est considérée comme la plus grande entreprise du BTPH. Elle emploie plus de 18 000 travailleurs et sa part de marché pour l’année 2012 avoisine les 500 milliards de dinars.
Les résultats nets réalisés ces dernières années représentent 12 à 15% du chiffre d’affaires. Le bilan financier de Cosider est positif. Reflet de cette santé financière, elle a des disponibilités relativement importantes en termes de trésorerie.
Cosider est un groupe industriel autonome qui n’est affilié à aucune société de gestion des participations de l’État (SGP). Avant 2009, son capital était détenu à 45 % par la SGP Indjab et à 55% par la BEA. A cette date, le traitement du dossier Cosider par le Comité des participations de l’État  (CPE), a abouti à l’adoption par ce dernier d’un plan de développement de l’entreprise avec comme axe principal le changement de l’actionnariat. Aujourd’hui, le capital de Cosider est détenu par le Fonds national de l’investissement FNI et par la banque algérienne de développement : BAD (FNI-BAD). Huit ministères siègent à l’assemblée générale (AG). L’AG de Cosider est présidée par le ministre des Ressources en eau.
Pouvez-vous présenter la consistance du portefeuille de projets de Cosider ? 
Le Groupe Cosider est constitué de huit filiales dont quatre sont des sociétés de travaux : Cosider TP (travaux publics) , Cosider construction (logements , équipements), Cosider canalisations, (pipeline transport des hydrocarbures et grands transferts des eaux), Cosider ouvrage d’arts, Cosider filiale de maintenance des engins de TP, Cosider de promotion immobilière et Cosider d’ingénierie.
Notre plan de charge est multi sectoriel, il est constitué de 50 000 logements dans le cadre du plan quinquennal 2010-2014 pour un coût de 120 milliards de dinars, d’équipements publics tels que des hôpitaux, la Faculté de médecine d’Alger qui devrait être livrés en 2012 et plusieurs autres équipements aussi importants Ces contrats totalisent plus de 110 milliards de dinars. Dans le secteur du transport par canalisations d’hydrocarbures, nous avons remporté le marché de construction du gazoduc GR4 reliant Rhourde Nouss à Hassi R’mel d’une valeur de 40 milliards de dinars. Nous avons aussi contribué à la réalisation du méga projet de transfert d’eau In Salah-Tamanrasset. Nous réalisons actuellement le réseau d’adduction de la ville de Tamanrasset. Nous avons également en charge la réalisation de six nouveaux barrages. Les travaux de ces ouvrages viennent de démarrer. Ils représentent un marché de 50 milliards de dinars. Dans le transport ferroviaire, nous avons comme références la réalisation de la ligne ferroviaire M’sila-Bordj Bou-Arréridj et le doublement de la voie Bordj Bou-Arréridj Sétif. Nous avons lancé  la réalisation de 3 projets de lignes M’sila-Boughzoul, Laghouat-Djelfa et Djelfa-Boughzoul d’une longueur totale de 300 kilomètres. Nous avons décroché également la ligne Beni-Mansour-Béjaïa sur 100 kilomètres. La ligne Saïda-Tiaret a été également lancée en association avec un partenaire italien. Nous avons en charge, au total, la réalisation de 500 kilomètres de voies ferrées.
Concernant le métro d’Alger, nous avons livré la ligne Haï El-Badr-El Harrach. Et nous avons lancé en association avec un partenaire allemand la ligne Haï El Badr-Aïn-Naâdja pour un délai de trois ans.
Quelle est votre politique des ressources humaines, accompagnant ce plan de charges très conséquent ? 
Cosider est organisé pour répondre à ces besoins en la matière Les structures opérationnelles sont autonomes. Ses réalisations sont le reflet des performances de son système de suivi et de contrôle. On a prévu 2 milliards de dinars d’investissements uniquement pour la formation à l’échéance 2014. On recrute de plus en plus de jeunes diplômés qu’on encadre. On recherche du personnel expatrié pour assister la préparation de ces jeunes cadres. En clair, il faudrait intéresser le personnel, le former et pouvoir le garder. Aujourd’hui, nous avons une politique de rémunération relativement assez attractive. On voudrait caler notre politique de rémunération sur la performance. Par exemple, pour les responsables de chantiers, considérés comme la cheville ouvrière de l’entreprise, la partie variable de la rémunération  peut atteindre 150% du salaire fixe, elle est indéxée sur l’atteinte des objectifs d’avancement du chantier et des résultats. Il y a également une culture d’entreprise qu’on essaie d’entretenir et de développer : c’est ce que nous qualifions d’esprit d’appartenance au groupe. Nous essayons aussi de développer la médecine du travail. En matière de recrutement, depuis 2003, la fréquence de recrutement se situe entre 800 et 1000 travailleurs par an. Pour les trois prochaines années, nous allons recruter 1 500 à 2 000 travailleurs par an.
Quelles sont les principales contraintes que rencontre votre entreprise ? 
Le principal problème concerne notamment la mise en œuvre de la relation contractuelle car le plus souvent on est confronté à une évolution par un nombre important d’avenants qui pèsent considérablement sur les délais de réalisation. Ces situations occasionnent aussi et de manière récurrente des glissements dans les échéances de paiement où l’entreprise se trouve obligé de préfinancer, sans contrepartie, des sommes importantes préjudiciables à ses équilibres de trésorerie. Aussi, certaines dispositions de la réglementation ou de la loi notamment celles relative à l’emploi, qui oblige l’entreprise au recrutement dans la localité d’implantation du projet ; ou à l’extraction minière, qui rend obligatoire le déroulement de lourdes procédures d’adjudication pour l’octroi de concession destinée à l’exploitation de carrières même lorsqu’il s’agit d’exploitation temporaire pour des projets de route ou de voie ferrée, considérés projets d’utilité publique.
Concernant le code des marchés publics promulgué en 2010, une note du Premier ministre nous a autorisés à continuer à appliquer nos procédures en attendant la mise en œuvre des textes d’application. Il y a eu en janvier 2012 la promulgation d’un décret modifiant et complétant le décret de 2010 portant réglementation des marchés publics qui impose à l’EPE d’adapter ses propres procédures à la réglementation des marchés publics. Donc, chaque entreprise, en fonction de son activité, adopte des procédures qui assurent la transparence dans l’octroi de ces marchés, l’équité dans l’accès à ces commandes et cela tout en assurant la flexibilité des mécanismes propres au fonctionnement d’une entreprise commerciale. Il ya aussi une adaptation des organes de contrôle externe des marchés.
Comment Cosider acquiert-elle les savoir-faire indispensables au respect des délais, des coûts et des normes de qualité ? 
La politique de Cosider s’est toujours orientée sur la convoitise de projets complexes à réaliser en partenariat avec des grandes entreprises. Jusqu’à maintenant, nous avons capitalisé un nombre important de projets de grande complexité technologique ; barrage en voûte, tunnels autoroutiers, ouvrage d’art poussé avec dénivelé et profil curviligne, métro ou tunnel en zone urbaine, pipeline de grande dimension (48 pouces) pour lequel nous somme leader mondial etc. Ceci nous permet d’acquérir les savoir-faire nécessaires. Actuellement sauf insuffisance de moyens, nous soumissionnons seuls quel que soit le projet.
Quelles sont les perspectives de développement de Cosider à moyen terme ? 
En premier lieu, nous projetons d’atteindre un chiffre d’affaires de 100 milliards de dinars en 2012. En second lieu, de développer certaines activités comme la pose de voies ferrées, En troisième lieu, renforcer notre société d’ingénierie qui aujourd’hui emploie 100 ingénieurs. Nous ambitionnons à moyen terme d’internationaliser nos activités. Nous comptons soumissionner à moyen terme dans des projets dans la région : Maroc, Tunisie, Libye, Égypte.


Par : Khaled R. LIBERTE K. R.

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