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Patrick le Berrigaud

lundi 7 mai 2012

Madame Hadja Badra Hagoug dame artisan doyenne de la tapisserie à Oran


Hadja Badra Hagoug, doyenne de la tapisserie à Oran
ORAN - La doyenne de la tapisserie, Hadja Badra Hagoug, a été honorée par la Direction du tourisme d’Oran, à l’occasion du mois du patrimoine, pour avoir contribué à perpétuer l’art du tissage dans la wilaya et préserver ce métier ancestral.
En présence des autorités locales et de représentants de la société civile, un vibrant hommage a été rendu récemment à Oran à cette "maâlma" âgée de 75 ans, qui suscite l’admiration de bien d’oranais, pour avoir su préserver, comme elle l’a pu et voulu, cet art transmis de génération en génération.
Son point fort "le point noué", comme s’accordent à le reconnaître les spécialistes. Il s’agit d’un tissage à la verticale qui fait appel au coton, à la laine, mais surtout à un doigté digne des tisseuses pour réaliser un tapis en relief.
"Ma satisfaction est de former des jeunes filles et femmes dans le tissage du tapis, une activité au demeurant paralysée avec le déferlement des tapis synthétiques" a-t-elle indiqué, soulignant que son objectif est de "relancer le tapis et de renouer avec le métier à tisser en formant des jeunes filles sur le tapis berbère et tlemcénien, afin que ce métier soit revalorisé".
Avec ses doigts de fée, cette dame artisan a su allier art et authenticité en formant des jeunes de l’association des sourds-muets d’Oran, en donnant la pleine mesure de son talent pour transmettre les formes et les styles du tissage, un métier aujourd’hui en déperdition, a-t-on reconnu. Sa fascination pour le tapis remonte à son jeune âge. "J’ai commencé en tant qu’apprentie à l’âge de 11 ans à Tlemcen, ma ville natale", a-t-elle dit.
A 18 ans, Hadja Badra était déjà monitrice d’atelier. Depuis, elle a toujours exercé ce métier d’art populaire traditionnel, parallèlement à ses activités en tant que "moussabila" avec des membres de l’historique Front de libération nationale durant la guerre de libération nationale, comme elle l’a affirmé.
"Après l’indépendance, j’ai ouvert mon propre atelier d’artisanat à Oran", a-t-elle souligné, se souvenant avoir eu 14 métiers à tisser à raison de quatre ouvriers pour chacun.
"Nous avions formé beaucoup de femmes et de jeunes filles car nous étions conventionnés avec plusieurs centres de formation", a-t-elle rappelé, tout en confiant : "nous avons un trésor avec une variété de styles de tapis que la nouvelle génération ne connaît pas, tels que le tapis berbère de Nememcha, de djebel Ammour, d’Alger, de Tlemcen, de Babar, de Biskra, de Beni-Rached, d’El Goléa, de Constantine, de Ghardaïa (Béni-Izguen), de Guergour, de Oued Souf et du Hodna".
"Il est encore temps de porter une grande importance à ce créneau porteur de projets, d’assurer la compétitivité et sa pérennité et de renforcer les possibilités de création d’emploi et le développement durable notamment au niveau rural", a-t-elle suggéré. "L’art du tissage est menacé. Nous n’avons pas le droit de l’abandonner car chaque style à son arbre généalogique si on cherche dans les traces du passé", a-t-elle conclu.APS

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