Algerie Europe coopération durable

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Patrick le Berrigaud

vendredi 25 mai 2012

Finances publiques algériennes FMI 2012



Le Fonds monétaire international s’inquiète des conséquences pour les générations futures

Les finances publiques algériennes sous la loupe du FMI

La principale nouveauté des publications récentes du Fonds monétaire international à propos des pays de la région Moyen-Orient – Afrique du Nord est constituée par les inquiétudes croissantes exprimées au sujet de la gestion des finances publiques par les gouvernements de la région. Pour le FMI, les évolutions récentes dans ce domaine soulèvent désormais un problème “d’équité à l’égard des générations futures”.


Les perspectives économiques régionales pour les années 2012 et 2013 rendues publiques voici quelques semaines par le FMI au sujet de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena) annoncent des perspectives à court terme “difficiles”. Elles prévoient pour les pays importateurs de pétrole une “croissance proche de 2% et qui ne devrait pas se redresser en raison de la montée de l’incertitude sur le plan intérieur et de la conjoncture défavorable à l’extérieur”. Les perspectives pour les pays exportateurs de pétrole sont plus mitigées et la croissance devrait y être proche en moyenne de 4%, “du fait de la stagnation de la production de pétrole et de gaz”.
Dans le cas des pays exportateurs de pétrole, une recrudescence de la crise en Europe pourrait en outre “faire baisser les prix pétroliers et compromettre l’accroissement récent des dépenses publiques consacrées à l’aide sociale”.
Les enseignements pour l’Algérie ne sont pas absents de la dernière publication du FMI. Au chapitre de la croissance économique, on note tout d’abord que notre pays figure parmi les pays en développement, dans la région où cette dernière est la moins forte.
Il est plus inquiétant de constater qu’au sein de la région, l’Algérie confirme son statut de pays à faible croissance avec une performance très modeste de 2,5% enregistrée en 2011 et des prévisions révisées en baisse à 3,1% en 2012 et 3,4% en 2013. Ajoutons que ces prévisions figurent dans le scénario le plus optimiste du FMI et ne tiennent pas compte des risques de dégradation de la situation en Europe.
On notera que depuis 2006, la croissance du PIB algérien se situe entre 2 et 3% contredisant ainsi régulièrement les prévisions des autorités algériennes en dépit d’une forte injection de dépenses publiques.

Les finances publiques  sur la sellette
Si la faiblesse de la croissance enregistrée dans la région, en particulier en Algérie, est un leitmotiv ces dernières années, les inquiétudes exprimées au sujet des finances publiques sont en revanche une nouveauté.
Le document du FMI relève sur ce point que “l’intensification des revendications sociales et la montée des cours du pétrole ont entraîné de fortes augmentations des dépenses publiques. En dehors des pays du Golfe (CCG), les dépenses publiques se sont accrues d’un tiers en dollars, d’où un déficit budgétaire moyen de 1% du PIB, malgré un niveau moyen des cours du pétrole supérieur à 100 dollars le baril en 2011”. Pour l’Algérie, le déficit devrait être sensiblement plus important. La mission du FMI présente à Alger à la fin de l’année dernière l’estimait à environ 5% du PIB pour l’année en cours.
Le FMI pose, dans des termes qui semblent taillés sur mesure pour l’Algérie, la problématique de l’évolution récente des finances publiques dans les pays exportateurs de pétrole de la région Mena.
Il soulève à cette occasion, à notre connaissance pour la première fois dans un document officiel de cette institution, un problème “d’équité à l’égard des générations futures”, en soulignant que “même avec les niveaux élevés des prix du pétrole, la viabilité des finances publiques est une préoccupation immédiate pour les pays déjà déficitaires, et dont beaucoup devraient l’être davantage en 2012”.
À moyen terme, et “pour assurer l’équité entre générations”, le FMI recommande de “maîtriser davantage les dépenses publiques et d’en accroître la qualité”.
Une invitation qui s’adresse en particulier aux pays qui, note le FMI, “en augmentant leur production d’hydrocarbures, ont accéléré les flux de recettes pétrolières présents au détriment des recettes futures”.
Un phénomène qui est allé de pair avec “des augmentations des traitements de la fonction publique et d’autres dépenses courantes, dont le rythme a dépassé l’augmentation des dépenses en capital”. Le rapport ajoute au sujet du gonflement des dépenses courantes des états de la région que “loin de créer d’autres flux de recettes dans l’intérêt des générations futures, la montée des traitements de la fonction publique peut exercer un effet d’éviction sur l’emploi dans le secteur privé”.
Les risques à court terme ne sont pas absents non plus et sont liés selon le FMI à la situation du marché pétrolier : “Il est difficile d’inverser la progression des dépenses courantes, d’où une plus grande vulnérabilité des comptes budgétaires face à un repli des cours du pétrole. Un ralentissement de l’économie mondiale provoqué par la situation de la zone euro entraînerait une diminution modérée des volumes d’exportation des pays producteurs de pétrole de la région. Il aurait cependant pour effet de faire baisser les cours du pétrole, ce qui rendrait particulièrement vulnérables les pays présentant des déficits budgétaires.”

Des réformes “urgentes”
Les recommandations au sujet de la mise en place de réformes économiques destinées à assurer la diversification des économies des pays pétroliers sont plus classiques. Pour le FMI, les pays de la région doivent “avancer de manière concrète dans la transformation et la modernisation de leur économie. Plus de création d’emplois est vital. Les taux de chômage de la région sont parmi les plus élevés au monde et la croissance démographique se poursuivra durant la décennie à venir. Un démarche au coup par coup ne suffira pas à relever le défi d’une croissance forte et partagée”.
Au menu des programmes nationaux de réforme qu’il est “urgent d’élaborer” figurent notamment “l’amélioration du climat des affaires en réduisant les tracasseries administratives et en rationalisant les règles et les procédures”.
Deuxièmement, des dispositifs de protection sociale ciblés qui devront “remplacer les régimes de subventions généralisées qui entraînent une mauvaise utilisation des ressources et profitent principalement aux plus aisés ; les ressources budgétaires libérées de la sorte pourraient alors servir à investir dans l’infrastructure, l’éducation et la santé”.
Troisièmement, les réformes doivent s’attaquer aux problèmes des systèmes d’éducation et des marchés du travail, et “renforcer les formations afin de préparer les diplômés à des carrières solides dans le secteur privé”.


LIBERTE Par : Hassan HADDOUCHE H. H

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